Sagesse du savoir-être des peuples anciens
Le quotidien des anciens peuples était très différent du nôtre, pour la plupart.
Des fois on se demande pourquoi on se sent si mal à chaque jour malgré tout ce qu'on a de merveilleux dans notre vie à apprécier! Pourquoi tant de chiâlage alors qu'au fond, on sait que ce n'est pas si grave?
Nous pensons qu'avant, ça devait être encore plus l'enfer si les gens devaient EN PLUS laver leur linge à la main, allumer un feu pour chauffer l'eau, travailler aux champs et filer leur laine!! Et qu'en plus, ils vivaient constamment les uns avec les autres, à se "taper sur les nerfs" en petites communautés, à dormir plusieurs dans la même chambre, etc. Ils n'avaient pas, pour la plupart, le choix de faire chambre à part ou d'habiter seuls pour "se retrouver". Alors, comment faisaient-ils?
Sans thérapeutes de la santé globale comme nous avons aujourd'hui... Oui, oui... Il y avait des herboristes, des sage-femmes... Mais c'était certainement différent, plus fait maison, moins scientifique. Comment faisaient-ils sans psychologues? Avec des prêtres parfois agressifs et des médecine quelque peu bouchers...
Comment faisaient-ils?
D'abord, on se dit qu'ils n'avaient pas le temps d'être malheureux, car ils étaient en mode survie. Se débrouiller. Pas le temps de déprimer.
C'est vrai.
Et pas nécessairement non plus.
Il n'étaient pas toujours en "mode survie". Même que probablement leur système nerveux parasympathique (celui du calme) fonctionnait plus que le nôtre! Sans parler de leurs niveaux d'oxytocine, de sérotonine et d'endorphines...
Pourquoi?
Regardons un peu leur quotidien de plus près.
Mettez-vous dans leur peau.
Aller travailler le matin = sortir dehors, marcher plusieurs kilomètres dans un vaste champ en guidant le troupeau de vaches ou de moutons dans la montagne.
Ou encore, partir en mer avec l 'aube, en prenant soin d'écouter la mer, le ciel et le bateau pour savoir où aller, quand repartir avant que le vent tombe ou que la tempête se lève.
Pour certains, le travail pouvait être de filer de la laine, en prenant des poils brossés et en les mettant doucement dans la roue qui les emporte avec elle. Quiconque a déjà filé de la fibre au rouet ou au fusain peut comprendre la sensation de transe qui s'y crée. Le mental se calme, les pensées sont plus claires et plus profonde. C'est comme une méditation en travaillant.
Pensez au chasseur qui part du village pour plusieurs jours, à travers champs et forêts, jusqu'à ce qu'il rejoigne le troupeau ou la piste. Pensez à cette marche seul avec lui-même dans le vaste territoire, dans un but précis mais ouvert. Juste regarder, observer le territoire pour s'orienter. Non, observer le territoire pour le déchiffrer, pour le comprendre. Apprendre à lire la nature par les "messages d'alarme" des oiseaux et de la forêt. Ces messages qui avertissent quand il y a un prédateur dans le coin. Respirer un air parfois humide, avec l'effort physique, avec la sensation de le respirer à plein poumons.
N'y a-t-il pas beaucoup de gens qui sont prêts à payer cher pour cela? En radonnée, au chalet, à la montagne...
Imaginez encore le travailleur dans son champ qui fauche puis bat le blé ou plante son riz aux intempéries. Imaginez la femme qui lave le linge. Imaginez les expéditions à dos de champeau des peuples du désert. Le boucher qui découpe sa viande, la tisseuse de paniers, le forgeron. Qu'-ont-ils tous en commun? Un travail quotidien principalement centré dans le corps. Un travail qui n'a pas besoin de mots. Sans le mental. Qui le laisse se reposer. Juste être. Utiliser son corps et son instinct.
J'imagine ces travailleurs avoir amplement de temps durant leur journée pour connecter avec une vérité en eux-mêmes, parce qu'ils avaient l'espace pour juste être, contempler. Entendre l'intérieur dans le silence. Une longue journée de travaux manuels, ça laisse le temps au mental de nettoyer les choses qui l'habitent pour en digérer l'essence, la vérité plus profonde.
Probablement qu'il n'y parvenaient pas tous, oui. Mais c'est un mode de vie qui favorise cette hygiène mentale et physique.
Puis voyez le petit couple qui vit seul dans la forêt sud-asiatique, à vivre uniquement de la cueillette sauvage et de la trappe. Imaginez leur repas. Quelques fruits trouvés, de petite taille. Quelques grains. Une racine grillée. Un maigre repas. Mais si satisfaisant, et bien assimilé car le corps a bien travaillé pour l'obtenir et il n'est pas embourbé par l'inactivité. Avez-vous déjà remarqué combien on digère mieux après une bonne séance d'entraînement. Encore mieux, après une bonne randonnée ou un travail au champ! Avez-vous déjà remarqué combien on se sent plus léger quand on mange moins? Manger moins mais mieux digérer l'aliment que l'on a. Manger moins, mais d'aliments plus nutritifs car frais, bio, locaux et souvent sauvages.
Le couple est heureux de son repas. Le corps est satisfait de peu, car l'énergie n'est pas gaspillée. Après avoir bien travaillé, on est détendu. Moins de tensions internes. Ça décharge les tensions accumulées et l'irritabilité qui en découle. Plus de simplicité, plus de gratitude par le fait de posséder moins.
Un mode de vie à juste être. Faire. Mais pas avec l'ambition de "faire". Ces grands projets qui accaparent tout le mental. Juste faire ce qui est là. Ce qui est à faire. N'y a-t-il pas un grand lâcher prise dans ça? Une grande paix?
Bref, ce style de vie-là... Pourquoi je vous en parle?
Souvent, je me dis que je manque de temps pour moi. Pour cultiver mon Être. Connecter avec ma profondeur. Entendre ce qui est là quand mon esprit est calme. Je peux m'imaginer qu'anciennement, c'était encore pire, parce qu'ils travaillaient encore plus, et avaient moins de temps pour eux-mêmes en solitude.
Mais la réalité ce n'est pas ça. Ils avaient au quotidien énormément de temps pour eux-même à laisser le mental tranquille, pour percevoir la profondeur du moment.
Donc, quand ils se rejoignaient, le soir, après cette journée de travail, ils avaient l'espace vide à l'intérieur, pour une connexion plus profonde et plus vraie.
La vie en pleine conscience reconnaît la sagesse de ralentir. De faire quelque chose en plus de temps que "nécessaire". Par exemple, décorer son canot d'écorce ou son arme de chasse, ou encore son meuble avec des gravures hyper complexes. Wow. Tsé quand tu as des choses de mieux à faire... Pourquoi prendre le temps de faire ça?
Par exemple, de nos jours, pourquoi prendre le temps de jardiner? C'est plus rentable d'acheter ses légumes bio au marché. Alors pourquoi se donner tout ce "trouble"? Parce que ralentir, c'est aussi laisser son mental se nettoyer. C'est une hygiène de l'esprit. Mais c'est bien plus que ça. C'est nourrir son corps physique au quotidien, par une activité souvent méditative. Nourrir son corps par le mouvement doux et par le plein air. Travailler plus physiquement décharge les tensions inutiles, et nourrit les muscles. Mais, encore plus important, être plus dans son corps permet de s'enraciner, de se ramener au concret et au matériel. En vivant trop dans le monde des idées et des désirs, on perd contact avec la réalité. Et puis, on ne peut plus incarner nos aspirations si on n'habite pas bien le concret.
Tout ce savoir-faire si simple, ce savoir-être si profond, il fait partie des principes de base de ma cure de vide, que je recommande à de nombreux patients. On a tous besoin de savoir être. Savoir ralentir. Savoir ne rien faire sans être abruti. Laisser la partie profonde et plus authentique de soi émerger par la diminution des stimulis. Être nourri par cette partie plus profonde, que l'on ne peut accéder que lorsqu'on sait faire le vide.
Je t'invite donc à ralentir. Maintenant. Demain. Ce weekend. Ce soir. Faire quelque chose avec ton corps ou tes mains. Quelque chose qui n'utilise pas trop ton mental. Quelque chose pour te permettre de te sentir. De juste être.