Le Dao ou l'Infini... Mon expérience, ma médecine

 

J'aime l'Infini. J'ai toujours connecté avec le ciel, l'espace. Peut-être comme tout enfant qui grandit avec du temps libre pour jouer et exister dehors.

 

Pour moi, c'est tellement nourrissant d'être couchée dans l'herbe (ou dans mon lit à regarder le ciel par la fenêtre) que je m'y paralyse. Comme droguée par l'Amour, je cesse d'exister. Ou je ne fais qu'exister.

 

"The Dao is a whirling emptiness, yet when used it cannot be exhausted.

Out of this mysterious well flows everything in existence.

Blunting sharp edges, Untangling knots, Softening the glare, It evolves us all and makes the whole world one.

Something is there, hidden and deep!

But I do not know whose child it is.

It came even before God."

- Traduit par Brian Browne Walker, 1996, Chapter 4

 

J'ai toujours connecté avec les traditions religieuses... À l'Université, j'ai choisi un cours sur l'Islam pour mieux comprendre et connecter. J'ai parfois fréquenté des mosquées, mais surtout des centres soufis. Quand j'allais à l'Église pour noël ou en touriste, je ressentais la même émotion devant l'Infini. La même qu'en nature, où je pouvais y voir les peuples améridiens entendre le Grand Esprit dans leurs lieux sacrés naturels. J'ai connecté avec les peuples shamaniques, mais aussi avec les Juifs et leur grande mystique.

 

Pourquoi ai-je choisi la tradition chinoise pour exprimer cet Amour? D'abord, parce qu'elle convient à notre monde d'aujourd'hui, écoeuré des dogmes et blessé par les religiosités. J'ai choisi sa neutralité, son côté laïque, ses racines primitives. Mais j'ai senti aussi le besoin de retrouver une connexion naturelle avec l'infini. Celle que chacun porte en soi, que chacun peut expérimenter à sa façon. Nous connectons plus facilement avec l'Infini dans la nature, avec laquelle les peuples primitifs étaient très intimes. Elle se fait si rare, aujourd'hui, que nous réalisons mieux sa valeur. La valeur des grands espaces. Et des petits recoins d'infini dans un carré en bordure de ruelle.

 

Bref, j'ai choisi la médecine chinoise pour aimer la vie et aimer.

 

En elle, j'ai aussi trouvé comment trouver l'Infini en l'Autre. Par les pratiques sexuelles de cultivation (l'équivalent chinois du tantra).

 

Ce ne fut pas simple de trouver dans la tradition chinoise les enseignements les plus profonds. J'ai dû faire beaucoup de recherches, et ça, c'est une autre histoire que je vous raconterai peut-être!

 

Bref, mon expérience avec l'Infini. Comment ce fut une médecine pour moi? Difficile de mettre en mots ce qui est tellement tellement riche. Mais j'avais envie d'en parler car c'est essentiel pour moi. Alors voici :

 

Quand je m'installe devant l'infini, le silence est riche. J'entends ce qui se cache dans la profondeur. C'est tellement plus riche que mon mental. Je pose une question, et la réponse me vient parfois avant même que j'ai fini de la formuler. D'autre fois, je garde la question dans mon Coeur en prenant soin de ne pas la refouler, mais de la garder tout à la surface, comme un appel à l'aide. Je peux garder cette question quelques heures avec moi alors que je marche, j'écris, je médite ou je chante. Et puis, un moment vient ou mon appel est entendu. Il vient toujours. Et même si j'attends, finalement, ce n'est jamais très long. La réponse vient, et je retrouve la clarté dans ce que je recherche.

 

L'Infini, c'est une relation intime, pour moi. Pas une relation vague avec une énergie froide et impersonnelle. Non... C'est si près de moi, que quand je regarde profondément le ciel en pensant à la personne que j'aime, c'est comme si un canal s'ouvrait et que le ciel était en fait l'infini dans la profondeur de ses yeux. Comme si les yeux d'une personne et l'infini du ciel n'étaient qu'un. Ils le sont peut-être... Je ne parle que de mon expérience.

 

Beaucoup d'auteurs ont témoigné de leur expérience avec l'Infini. La sensation d'entendre une musique sublime (Chuang Tseu), ou l'expérience de ressentir une substance énergétique qui nous remplit... (plusieurs maîtres de Qi Gong) Et pénètre chaque chose. D'autres ont parlé d'une expérience intime et personnelle comme celle de la fusion amoureuse et sexuelle (Rûmi).

 

Mais tout ça n'a pas de valeur en mots. Ce n'est que l'expérience que nous avons déjà qui peut nous permettre de comprendre la description que certains en font.

 

Alors je t'invite à chercher ton propre filon vers l'Infini. Ton propre lieu d'accès, que ce soit couché dans l'herbe, sur un bateau au large, en haut d'une montagne, devant un feu, ou dans la quiétude d'une salle de méditation. Je t'invite à cultiver ce filon comme un trésor qui fera germer en toi l'accès à une ressource inépuisable, et, qui te permettra éventuellement de ressentir l'Infini ou le Dao en d'autres lieux. À force de le trouver en montagne, on finit par le trouver aussi dans le désert, et à force de le trouver plus souvent en nature, on finit par le trouver aussi dans la personne qu'on aime, dans son enfant. Et à force de le sentir de plus en plus souvent, on finit par le trouver dans un tas de vaisselle salle ou dans le bruit d'un moteur.

 

"In all things, the Dao does not want to be obstructed, for if there is obstruction, there is choking; if the choking does not cease, there is disorder; and disorder harms the life of all creatures. All things that have consciousness depend on breath. But if they do not get their fill of breath, it is not the fault of Heaven. Heaven opens up the passages and supplies them day and night without stop. But man on the contrary blocks up the holes."

- Watson, B. (traducteur). 1964. Chuang Tzu : Basic Writings. New York. Colombia University Press, p. 138

 

Si on n'est pas nourri, on se déssèche. Pourtant l'Univers entier est là pour nous nourrir.

 

Je crois fondamentalement que la médecine la plus puissante, est celle de la compréhension profonde de la condition. Car le plus profondément on peut comprendre, le plus d'outils sont à notre disposition pour adresser le déséquilibre à la source. Lorsque les médecines et les thérapeutes faillissent, c'est dans l'évaluation diagnostique. Ont-ils vraiment vu et compris? Si oui, pourquoi ça ne marche pas? La meilleure personne pour voir profondément, ce n'est pas celui qui regarde de l'extérieur, malgré toute son expérience, mais celui qui regarde de l'intérieur. Hors, celui qui regarde de l'intérieur peut être lui aussi perdu. Mais en reprenant contact avec l'infini, on se retrouve. Dans le silence, le mental se remet en ordre et se nettoie. Le subconscient revient à la surface et on perçoit ce qui était caché...

 

Et on voit ce dont on a besoin. Parfois, la prochaine étape thérapeutique est contraire à nos attentes. Parfois, c'est complètement contraire à ce que l'on pense ou croit, mais puisque ça provient d'une compréhension ou d'un ressenti profond, on plonge. Et puis on découvre la sagesse qui se cachait dans cet instinct, bien au-delà de l'intelligence intellectuelle.

 

J'ai souvent osé sachant bien que c'était complètement fou. Mais je sentais que ce qui était plus fou encore, c'est de ne pas écouter cet infini parler depuis mes profondeurs. Et, avec le temps, j'ai bâti cette relation avec l'Infini de plus en plus solide. Parce qu'à chaque fois que j'ai plongé, la vie m'a confirmé que c'était juste. J'ai vu que c'était bon et nécessaire, même quand je me faisais mal. Alors même si j'ai encore peur, même parfois plus encore, de faire des erreurs, je sais qu'il le faut. Car c'est vraiment la meilleure médecine.

 

Je te souhaite, durant tes prochaines vacances ou journées de repos, de te réserver du temps pour cette connexion. Malgré les obligations de famille, et aussi tout le plaisir prévu en famille et entre amis, n'oublie pas cette petite flamme qui a besoin d'être nourrie.

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